Islamisme, blasphème, féminisme
- Mathilde Jean-Alphonse
- 23 janv.
- 12 min de lecture
« Nous avons dû fuir nos pays à cause de cette idéologie, à cause de l’islamisme, à cause des terroristes et voilà que nous devons encore nous confronter à la haine et à leur intégrisme, ici même en Europe, où il agissent en toute impunité en glorifiant les bourreaux de notre peuple. Ces gens ne sont pas là pour défendre des peuples, mais bien pour répandre leur idéologie dans les sociétés occidentales et ne doutez pas un seul instant qu’ils feront de l’Europe ce qu’ils ont fait chez nous! L’islamisme est raciste, misogyne, criminel, antisémite, homophobe, christianophobe. Il hait tout ce que représente l’Occident. Il serait vraiment temps de se réveiller et de cesser d’avoir peur du bruit qu’ils font pour nous intimider. »
Voilà ce que déclarait, en octobre et sur les réseaux sociaux, la cofondratrice du collectif Femme Azadi, Mona Jafarian.
Ce pourrait-il que la créatrice de contenus digitaux ait raison? Les démocraties occidentales se laisseraient-elles assassiner avec le consentement tacite de populations aussi aveugles à leur futur trépas qu’un troupeau d’agneaux bêlant gaiement sur la route de l’abattoir? Mais comment et pourquoi, la nation des Lumières renoncerait-elle à sa myriade de chatoiements et à son principe dionysiaque pour un puits d’obscurité, au fond duquel croupie la plus crasse des négations de l’être, de sa pensée et de ses droits fondamentaux? Et si effectivement, et sans aucun doute par malheur, une tenture occultante était harnachée au-dessus de nos têtes, nous privant des exquises caresses d’Hélios, alors de quels recours disposerions-nous pour la dilacérer?
Ainsi lancés sur cette voie de compréhension, il n’apparaît pas, ou plus, inopportun d’emboîter le pas à Lydia Guirous qui, au détour d’un paragraphe de son éloge au Sacré et au séculier jette à son lectorat: « Etre féministe est encore au XXIème siècle un acte de résistance et de solidarité. » (L. Guirous, Allah est grand, la République aussi, JC Lattès, 2014) Le féminisme, par ses postulat et promotion d’une égalité concrète et effective sur les plans politique, juridique, culturel, économique et social entre hommes et femmes, disposerait-il de l’arsenal nécessaire à l’anéantissement de cette mouvance mortifère qu’est l’islamisme radical?
En réponse à ces questionnements, et de la pointe quelque peu fébrile de mon stylo, me voici appliquée à dessiner une nouvelle Carte de Tendre. Représentation topographique d’une société égalitaire pour tous, mère d’une liberté longtemps chérie et d’une fraternité réellement éprouvée. Contrée certes enchanteresse, mais dangereusement cernée de villes et villages aux noms aussi peu reluisants que: haine, ignorance, séparatisme, racisme, terrorisme ou endoctrinement.
Sans tarder crevons l’abcès! Osons mettre les deux pieds, le tronc, les coudes et jusqu’à la pointe de nos cheveux dans le plat en posant la question qui fâche: faut-il avoir peur de l’Islam? Ancien et actuel chefs d’Etat français ont tenté d’apporter à cette interrogation devenue plasmodie leurs éclairages. François Hollande avançait ainsi: « Il y a un problème avec l’islam, parce que l’islam demande des lieux, des reconnaissances. » (Davet, Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça, Stock, 2016) Puis, comme soudainement frappé et effrayé par la portée de son propos, l’ancien garant du fonctionnement régulier des pouvoirs publics s’empressait de le nuancer précisant que l’islam ne représente ni un danger ni un problème tant qu’il ne se revendique pas en tant que religion dans la République. Deux ans plus tard, son collaborateur Ravaillac -autrement nommé Emmanuel Macron- levait à son tour le voile sur sa pensée: « Il y a une lecture radicale, agressive de l’islam, qui se fixe pour but de mettre en cause nos règles et nos lois de pays libre, de société libre dont les principes n’obéissent pas à des mots d’ordre religieux. » (Davet, Lhomme, Inch’Allah, Fayard, 2018) Président des ultra-riches peut-être… Mais plus assurément encore, président sous influence. Ricoeur, sa « petite éthique », la grande boutique Macronienne et un slogan: « Une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes. » Malheureusement, c’est bien ici que le bât blesse. Dans la présence, la défense et le maintien d’une communauté d’êtres unis dans le respect - oserais-je l’écrire, l’amour— de nos institutions. Deux postures, quelques phrases sans coffre et au centre de cette ritournelle, comme un éléphant en plein Salon des ambassadeurs, un tabou appelé blasphème. Un mot prohibé pour un mécanisme bien rôdé. C’est en effet, dans ce processus d’opposition, voire d’exclusion, engagé par la dite notion, que se loge le délitement de notre cohésion nationale. Un délit de profanation brandi, sans plus de réflexion que de gêne, à la face d’une nation dont la séparation entre force étatique et pouvoir religieux est pourtant largement acquise. En ce sens, créditer cette hérésie de la bienséance et bien-pensance religieuse revient, purement et simplement, à faire preuve d’un cruel déni de réalité: le crime d’impiété préexiste dans l’identité même de notre démocratie. D’ailleurs, et pour rappel, le droit français ne prévoit aucune incrimination punissant le blasphème tel que définit dans le dictionnaire Larousse: une « parole ou discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré. » En somme, croyances, dogmes ou symboles à caractère religieux ne bénéficient nullement sur le sol hexagonal d’une protection privilégiée face à la critique. Le Tribunal de Grande Instance de Paris abonde en ce sens: « en France, société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions quelles qu'elles soient et avec celle de représenter des sujets ou objets de vénération religieuse ; que le blasphème qui outrage la divinité ou la religion n'y est pas réprimé à la différence de l'injure, dès lors qu'elle constitue une attaque personnelle et directe dirigée contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse. » En d’autres termes, la loi, et notamment celle dite Pleven, se veut garante de la sécurité des personnes et non de celle des cultes. Pourtant, et sous les effets de la loi préalablement citée, outrage à la religion et outrage aux adeptes tendent de plus en plus à s’assimiler. La sentence invoquée par Anastasia Colisimo semble, aujourd’hui plus que jamais, prophétique: «le retour de Dieu est avant tout un retour de César ». (A.Colisimo, Les bûchers de la liberté, 2016)
Avant de poursuivre l’analyse, il est impératif de réaffirmer ici que l’islam ne se dissout pas plus qu’il ne se confond avec l’islamisme radical. Ahmad Massoud, fils du commandant Massoud assassiné dans un attentat suicide perpétré par deux membres du réseau terroriste Al-Qaïda le 9 septembre 2001 en Afghanistan, rétablit cette vérité essentielle: « Une lecture attentive des saintes Ecritures montre en effet que l’islam est une religion éminemment rationnelle et modérée, contrairement à la vision des talibans et des groupes extrémistes. L’islam n’est pas une religion de haine, mais de tolérance, d’amour, d’acceptation de l’autre, d’encouragement au dialogue. » (A. Massoud, Notre liberté, Bouquins, 2023)
La fatwa du prédicateur musulman égyptien Omar Abdel-Rahman est particulièrement évocatrice de ce dévoiement de la foi: «Rompez toute relation avec les Américains, les chrétiens et les juifs, taillez-les en pièces, détruisez leur économie, brûlez leurs sociétés, brisez leur paix, coulez leurs navires, abattez leurs avions, tuez-les dans les airs, sur les mers et sur terre. Tuez-les partout où vous pouvez les trouver, tendez-leur des embuscades, prenez-les en otages, détruisez-leurs observatoires. Tuez ces infidèles. Combattez-les et Dieu les torturera par vos mains, et Il les fera tomber en disgrâce, et Il vous donnera la victoire sur eux, et la nation des croyants est sur le point d’être créée, et c’est d’eux que viendra la fureur. » La ligne anti-colonialiste de certains Etats théocratiques musulmans -conséquence du démantèlement de l’Empire Ottoman partagé entre l’Angleterre et la France à la fin de la Première guerre mondiale - s’est ainsi peu à peu muée, sous la férule des talibans, Frères musulmans ou membres du réseau Al-QaÏda, en une haine farouche de l’Occident, de son mode de vie et plus encore, de sa physionomie politique. Aux yeux des intégristes, qui ne manquent pas de verser leur fiel au coeur des territoires les plus paupérisés de France, la démocratie était, est et restera profanatrice par essence. Profanatrice car contraire à la charia. Par l’expression de leur droit de vote, les occidentaux, hommes et femmes, s’inscrivent au sein d’une dynamique les plaçant au coeur de l’exercice du pouvoir. En cherchant à mettre en pratique leurs esprit critique et libre-arbitre, les citoyens et citoyennes du couchant témoignent donc au mieux, d’une cécité face à la Vérité, au pire, d’une forme de complaisance vis-à-vis de leur statut d’infidèles et de mécréants. La démocratie devient une hétérodoxie baptisée taghout. L’imam Ibn Jarir Tabard donne de ce terme la traduction suivante: « Le mot taghut désigne celui qui outrepasse les limites d’Allah en étant adoré. Soit, il contraint les gens à l’adorer, soit les gens l’adorent en lui obéissant. Et cela qu’il soit un homme, un chaytan, une idole ou n’importe quoi d’autre. » Par sa volonté d’octroyer aux hommes et femmes composant son système le droit de disposer de leur destin, la structure démocratique entre en conflit direct avec la loi islamique (charia) qui ne reconnait et n’adopte que la nature divine et parfaite des enseignements d’Allah et de son Prophète. Contraste accentué par l’existence du dogme de « l’Alliance et du Désaveu » (Al Wala wal Bara) impliquant un séparatisme implacable entre les deux formes de gouvernance que sont la démocratie et la théocratie. Seuls des êtres engagés dans l’infidélité et l’incroyance peuvent répondre aux devoirs et recourir aux droits républicains (impôts, allocations, enseignements scolaires, etc.) Nous le voyons, la condamnation du blasphème joue ici, un rôle politique servant à la communion d’une communauté autour d’une création idéalisée, l’Oumma. Le Frérisme qui se vit, selon Florence Bergeaud-Blackler auteure de l’ouvrage Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, comme un projet intellectuel et politico-religieux fondé sur le développement d’une vision du monde, d’ une identité collective et d'un plan donne, pour l’heure, son souffle à cet idéal communautaire.
Le fondateur de la confrérie égyptienne, Hassan al-Banna, préconise pour y parvenir, une réforme des sociétés en sept étapes. La première strate évoque le soin à apporter à l’éducation et à la formation de l’individu musulman. Vient ensuite le temps de l’implantation de l’individu musulman dans la famille musulmane. Famille musulmane devant s’insérer et évoluer dans une société musulmane. Société musulmane régie par un gouvernement musulman. Gouvernance théocratique au sein de laquelle naîtra alors un Etat islamique propice à la réunification des nations musulmanes et au maintien de la suprématie de l’islam. Voilà pour la théorie. En pratique, le Frérisme, par l’entremise d’organes comme l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ou l’Islamic Council of Europe basé (Londres), veille tantôt à la coopération économique, sociale et culturelle entre Etats musulmans, tantôt à la propagation et défense de son idéologie au-delà de ses frontières. Ainsi, et à bon escient, l’Islamic Council of Europe a t-il proposé dès 1981, la Déclaration islamique universelle des droits de l’homme (DIUDH). Déclaration révisée au Caire (Egypte) en 1990 pour (ré)affirmer la supériorité de l’homme sur la femme -dès lors égaux non pas en « droit », mais seulement en « dignité »- et limiter la liberté d’expression. Il devient ardu de réfuter l’évidence: l’islamisme radical trouve son assise et cultive son pouvoir et essor sur la désastreuse doctrine de domination d’un sexe sur l’autre, de l’homme sur la femme.
L’Afghanistan, terreau de l’islamisme radical, offre une vue saisissante sur cet asservissement du féminin en tant que vecteur d’identité, de cohésion et de communion favorable à l’enfantement d’une nation nouvelle et transfrontalière. Depuis le retour au pouvoir des talibans, les afghanes sont privées des droits les plus fondamentaux; perpétuelles otages d’un Ministère de la Suppression du vice et de la promotion de la vertu forçant à la séparation de la femme et de l’homme, du cerveau et de l’âme. Leur univers se dessine à coups d’interdits. Interdiction de se rendre dans les jardins publics de Kaboul, dans les salons de beauté ou aux bains publics, de voyager en avion sans la présence d’un membre masculin de leur famille, d’intégrer l’enseignement supérieur, une ONG, d’entreprendre des études de sage-femme ou d’infirmière, de regarder les hommes ou simplement de s’exprimer en public. Ô combien Khaled Hasseini avait raison lorsqu’il écrivait dans son sublime roman Les cerfs-volants de Kaboul à propos des talibans:
-« La situation est-elle aussi terrible qu’on l’entend dire?
-C’est même pire. Bien pire. Ils ne nous autorisent pas à être humains. »
En France, l’enquête conduite par Gérard Davet et Fabrice Lhomme et retranscrite dans l’ouvrage Inch’Allah révèle que l’extrémisme religieux a fondu sur la Seine-Saint-Denis comme un rapace sur sa proie. Département le plus pauvre du pays, il est également celui pour lequel la rupture sociale, nourrie par de nombreuses carences étatiques, est la plus franche. Si l’absence de service d’Etat est évidemment à déplorer et souligner, il est tout aussi nécessaire de s’inquiéter du besoin de création d’un collectif tel que « Place aux femmes » à Aubervilliers ou de l’initiative lancée par l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis consistant à rappeler, à l’aide d’autocollants, que les femmes sont les bienvenues dans le paysage urbain et citadin du 93. Des actions nous incitant à porter le regard sur le pressant devoir d’un travail de terrain autour de la mixité et de la représentation des femmes dans les villes du département. Pourtant, cette dérive sectaire est loin de ne concerner que le 9.3. Jean-Pierre Orbin, ancien inspecteur général de l’Education nationale, auteur d’un rapport remis au gouvernement en juin 2004 sur « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires » et de l’ouvrage Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école? dresse un portrait glaçant de la première des pierres angulaires de la laïcité à la française, l’école. Laïcité dont l’homme donne une définition édifiante. Bouclier à triple protection, elle garantit aux membres de la nation française, « la liberté de choisir une religion, d’en changer, d’en sortir ou de ne pas en avoir ». Aux groupes religieux, elle offre: « la protection de l’exercice de leur culte ». A la société enfin, une « égalité des droits entre tous les citoyens ». C’est autour de ce principe gravé par l’article premier de notre Constitution, que s’abrite la neutralité des institutions publiques (Etat, collectivités territoriales, écoles, hôpitaux, armée, etc.) et que s’organise -en théorie du moins- l’épanouissement personnel porté par la cohésion collective. Malheureusement, nous le comprenons à la lecture des écrits de l’ancien inspecteur, les manifestations, pressions et attaques de l’intégrisme religieux au sein des établissements scolaires sont aussi multiples que protéiformes. Toutefois, elles ont toutes pour socle l’entrave, la diminution, voire l’anéantissement, des libertés accordées aux jeunes filles qui les fréquentent. Des sabordements passant par des contestations ou refus d’oeuvres littéraires ou philosophiques, de sections des programmes d’histoire et de biologie, du rejet de l’enseignement académique musical, du dessin lorsqu’il dépasse la simple nature morte, de sorties scolaires quand elles ont pour but la visite d’édifice religieux et bien naturellement, la non-acceptation de la mixité en éducation physique et sportive ou lors de voyages scolaires.
Corps éducatif et parents ne sont, parfois, pas en reste dans cette folle course au rétrograde. Ainsi, une banale poignée de mains entre individus de sexes opposés peut être prohibée; le prosélytisme le plus véhément encouragé; les agressions pour « mécréance » perpétrées; tous et chacun devenant des victimes potentielles. De même, il n’est ni rare ni exceptionnel d’assister à de véritables boycotts des cours de natation. Certains professionnels de santé ne se privant pas d’établir des certificats de complaisance pour de prétendues allergies au chlore. Caution permettant aux jeunes filles qui en disposent d’échapper au port du maillot de bain en présence de leurs condisciples masculins.
François Fillon, avant d’être emporté par son char de casseroles, expliquait dans son livre Vaincre le totalitarisme islamique que la France était une cible privilégiée pour la mouvance extrémiste en raison de son affaiblissement moral, politique, économique et diplomatique. La personnalité politique déchue oublie toutefois d’énoncer que cet état pathologique est la conséquence directe de trop nombreux renoncements, en premier lieu d’ailleurs, les siens. Car c’est bien à lui, alors ministre de l’Education, qu’est remis en 2004 le rapport Orbin. Expertise soigneusement enterrée cette année-là mais exhumée en 2014 lorsque Najat Vallaud-Belkacem est prise dans la tourmente. Un relativisme intolérable dont les femmes ont été et sont les premières victimes. Quel gouvernement français en appel à la lutte contre les discriminations et violences faites aux femmes pour condamner les régimes autoritaires? Aucun! Et comment le pourrait-il quand chaque présidence, depuis Félix Faure, couve son propre linge sale? Mais pardonnez-nous, comme l’écrivait Le Petit Journal en 1899, « Le président de la République a succombé alors qu’il était penché sur les affaires de l’Etat. » Et quelles affaires pour nos gouvernements français successifs… La robe de Cécile Duflot, les formes de Pamela Anderson, le tablier de Nafissatou Diallo, le verre de Sandrine Josso, etc. De droite ou de gauche, bien des hommes politiques se baignent dans les eaux troubles du sexisme. Pourtant, il est coutumier d’entendre que la gauche est la force motrice du progrès. Or, il serait plus juste d’affirmer qu’elle récupère avec brio les combats féministes pour mieux s’illustrer. Car en réalité, les chemins progressistes sont bien souvent les champs de souffrance que laboure péniblement la gente féminine. Les droits des enfants, les mesures liées à l’emploi, l’avortement et plus largement la santé, l’éducation, l’écologie, pour ne citer que ces pans de la vie de la société française. En 68, les pavés volent pour abattre le mur qui sépare les femmes de la liberté sexuelle et de l’émancipation. En 2018, c’est d’Ingrid Levasseur qui est érigée en nouvelle Marianne. L’entrée dans le modernisme ne peut se dissocier des contestations et résistance féministes. C’est pourquoi, lorsque l’ordre islamique prétend qu’il n’y a pas de place dans ce monde pour les femmes, ces dernières savent au coeur même de leurs entrailles que c’est une fable.
Non, la femme ne se doit pas d’être gommée, effacée de l’espace public par le port d’un voile intégral, l’enfermement physique dans l’espace privé, l’étranglement de sa voix et l’abolition de ses droits à l’éducation et au travail. Non, la femme n’acceptera pas, ni pour elle-même et ni pour ses soeurs, un tel recul des acquis arrachés de haute lutte. Oui, la femme continuera à batailler, même dans le sang, pour que vive, grandisse et s’épanouisse, non pas seulement l’humain, mais bien, chaque composante vivante de ce monde. Car ses combats n’ont jamais été que les siens. Ils ont été ceux des enfants, ceux des délaissés, ceux des déracinés, ceux des laissés pour compte ouvertement méprisés, ceux d’une terre souillée. Elles marcheront avec une détermination sans cesse renouvelée en scandant haut et fort « Femme, vie, liberté ». Parce hier, aujourd’hui, comme demain, les femmes sont les garantes d’une merveilleuse devise « Liberté, Egalité, Fraternité ».
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