Manager efficacement par les 5 langages de l'amour
- Gratt'os Team
- 26 déc. 2023
- 7 min de lecture
« Pas là pour faire du social! » C’est sans aucun doute, la phrase la plus unanimement prononcée par les équipes de direction croisées jusqu’ici. Une (contre) vérité si tristement puissante que j’ai fini par m’interroger sur le concept. Réflexes obligent, c’est dans une pile, grosse d’une dizaines de livres, que je me suis réfugiée pour tenter d’en mieux cerner les contours. Fidèle au principe de simplicité, c’est néanmoins par sa définition la plus élémentaire que j’ai choisi de l’introniser. Le Larousse en donne de multiples visages. Deux ont retenu mon attention:
1- Le social concerne les relations entre les membres de la société et l’organisation de ses membres en groupes, en classes.
2- Le social concerne l’amélioration des conditions de vie, en particulier, des conditions matérielles des membres de la société.
Si je me fie à ces éclaircissement et que je m’essaye à les mettre en perspective avec notre sentence de départ, liens entre individus et désir de progression matérielle seraient exclus de la vie en entreprise? Etonnant… Mais au fond, ne suis-je pas en train de m’illusionner? Ai-je vraiment connaissance et conscience de ce qu’est une entreprise? Un tantinet obstinée par nature, je me refuse pourtant à clore le chapitre sur une note d’insatisfaction.
L’entreprise est « une affaire agricole, commerciale ou industrielle, dirigée par une personne morale ou physique privée en vue de produire des biens ou service pour le marché. » Bon… Force est de le constater, la relation humaine et l’amélioration du sort des protagonistes ne rentrent aucunement en ligne de compte. Je suis perplexe, voire sceptique… Autant être honnête, cela ne me convient pas! Impossible d’en rester là. Il me faut aller plus avant sans pour autant complexifier ou tordre mon propos.
Valider mon intuition exige une confrontation au réel. J’ai besoin de feedback d’individus expérimentés. J’observe, je parle, j’interroge, je feuillette, je lis et ce, pendant des semaines. Finalement, tel Obélix face à son chaudron, je tombe, tête la première, dans la marmite de l’homme d’affaires et écrivain américain Brian Tracy. Dans l’un de ses nombreux ouvrages, le célèbre conférencier souligne sans détour que le boulot d’un patron est double. D’une part, il lui est fondamental de s’assurer que chaque membre de son équipe dispose de l’intégralité des ressources nécessaires à une production efficiente; de l’autre, il se doit de valoriser, par la distribution généreuse de félicitations et d’applaudissements, ses obligés.
Plume allègrement prolifique, l’auteur poursuit son argumentaire en insistant sur la fonction de meneur du patron. Or, comment s’abandonner et suivre sans aucune accointance? Il n’y a guère que les fanatiques pour adhérer à la vision d’une « entité » désincarnée, glacée et donc glaçante. Au contraire, il faut au patron ou à la dirigeante, battre sans relâche les couloirs de sa boîte, prendre la température et rappeler à ses employés que leur investissement est perçu, considéré, apprécié et valorisé. Cette reconnaissance loin d’être vaine est en réalité, indispensable pour susciter un engouement sincère qui, par effet de ruissellement, produira de l’engagement. Sans cela, il ne restera guère au PDG, et à ses éventuels actionnaires/investisseurs, qu’à s’asseoir progressivement sur leurs bénéfices et à sortir leurs mouchoirs pour éponger larmes et filet de morve… Dommage, n’est-ce pas?
Adoptons une vision binaire pour approcher en douceur le milieu de l’industrie. De façon très succincte et schématique, cet écosystème pourrait se définir par deux biais: l’actif (biens et créances qui remplissent les caisses) et le passif (biens et créances qui vident les caisses). Si de tout temps, la recherche d’équilibre entre ces deux polarités a guidé, et continue de le faire, les forces entrepreneuriales, elle ne peut, seule, prétendre aux positions d’alpha et d’oméga du business. Que l’assertion soit juste, ne signifie aucunement qu’elle n’héberge en son sein de dangereuses carences.
Machiavel enseigne que sur le plan militaire, ériger une forteresse est une grossière erreur tactique. Or, c’est ici la stratégie financière comme unique boussole qui érige en lieu et place d’une entreprise, une citadelle. Cette posture matérialiste, souvent perçue comme opportuniste, signe -sans nécessairement le vouloir- l’isolement du pouvoir. Malheureusement, en se coupant de son caractère sensible, peu à peu, l’entreprise se vide de sa force vive, ses agents. Dès lors, elle devient une cible de choix, précisément attaquée sur le front de son axe moteur qu’elle a, si et tant, impudiquement mis en avant. En somme, personne n’est dupe. Le profit est indéniablement la force motrice et le carburant d’une entreprise. C’est un fait! Nul besoin de le rabâcher, de le scander ou même de l’afficher explicitement ou implicitement. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent jouer cette partie de Monopoly grandeur nature, peuvent -doivent?- descendre du dos de la licorne, merci. Cette dure vérité énoncée, il serait infécond de davantage s’y attarder. Ce sont vers les autres, ceux, hommes et femmes qui cherchent dans -et en dépit de- sa pénibilité, un moyen de se réaliser par leur travail qu’il serait bon de se tourner. A ceux-là, hormis encouragements et cadre sécurisant, il convient d’apporter une clarté éclatante sur leurs objectifs et missions. Etre averti des attentes accorde la possibilité de concentrer ses efforts -et non d’inutiles coups de rame- aux tâches imparties. Ce n’est qu’en suivant cette voie, qu’une progression réelle et quantifiable pourra être notée et saluée. Mouvement de croissance participe au sentiment de concrétisation et de réussite. Et c’est bel et bien, par le cumul des victoires -non nécessairement éclatantes- que s’installe et croit l’esprit de la gagne. Faire l’économie de ces cartes routières c’est lâcher dans les rangs le fauve de la démotivation.
que les langages de l’amour vantés par leur créateur, Gary Chapman deviennent intéressants. Le conseiller conjugal écrit avec pertinence, que « L’amour résulte d’une décision. Chacun des conjoints peut la prendre dès aujourd’hui. » Se pourrait-il que cette dynamique puisse s’appliquer au monde des affaires? La réponse est un grand oui! Si le sentiment amoureux, dans sa version noble, résulte d’une décision, il n’en va pas autrement de celui de triomphe. Il faut avoir envie de performer, pour le faire. Sans cette première inclinaison, aucune décision ne sera prise, ni aucun acte significatif posé. C’est donc autour de cette résolution d’intelligibilité et de clairvoyance que toutes les parties d’un même commerce doivent se fédérer jusqu’à aller collectivement arracher la victoire.
La communication non-violente, intelligente et efficace indispensable à l’épanouissement du couple est tout sauf innée. Elle exige des partenaires, un véritable travail personnel et à deux pour l’aider à se déployer et à porter du fruit. Certains auront la maturité suffisante pour en comprendre rapidement le bénéfice, d’autres non. Mais combien, il serait dommageable pour des coéquipiers de passer toute leur vie sans compréhension et donc, sans enrichissement mutuel, soutien, développement d’un amour profond et authentique, rires, confiance partagée, écoute ou encore sécurité… Une véritable rafale par uzi sur son bonheur!
De même, quel désavantage pour une société, de passer à côté de bons résultats faute d’avoir prêté suffisamment d’attention à la dimension humaine. Crier à qui veut l’entendre « On ne fait pas dans le social », c’est botter en touche tous les espoirs des employés. Attitude purement et simplement suicidaire. Personne ne se lève de bon coeur très longtemps pour se faire exploiter. Il arrive toujours un moment où la révolte gronde et où les révolutionnaires retournent contre leurs bourreaux leurs propres armes.
Prendre le temps d’analyser la dynamique de l’équipe et chercher à déceler le prisme de lecture et de compréhension de chacun de ses membres est un travail , certes laborieux, mais impérieux pour chaque manager. Je l’écris à nouveau, ce n’est pas superflu. Bien au contraire, quel gain de temps!
Laissez-moi vous expliquer, en se basant sur les langages de l’amour qui auraient pu être nommés langages efficaces de communication, mais cela aurait été moins vendeur, il est aisé d’admettre qu’il existe cinq profils de communicants.
1- Celui ou celle motivé.e par les paroles valorisantes. (Compliments verbaux, mots d’appréciation, encouragements, communication non-violente).
2- Celui ou celle motivé.e par les moments de qualité. (Passer du temps à deux ou plus, mais en étant réellement attentif à l’autre, dialogues de qualité, écoute bienveillante, ouverture à l’autre, confiance, pratique d’activités de qualité).
3- Celui ou celle motivé.e par les cadeaux. (Présent à valeur marchande, don de soi, de sa présence)
4- Celui ou celle motivé.e par les services rendus. (Prendre soin de l’autre, réponse aux besoins pour être soulagé.e).
5- Celui ou celle motivé.e par le contact physique. (Etreinte des mains, baisers, enlacements)
Si Gary Chapman a croqué ces cinq portraits c’était avec l’ambition d’offrir aux couples un moyen d’exprimer et recevoir de l’amour. Or, exprimer et recevoir de l’amour c’est avant tout, exprimer et recevoir de l’information. Pour cela, et parce que nous ne parlons pas tous forcément le même langage, il nous faut apprendre à rendre accessible à l’autre nos messages. En amour comme en affaires.
C’est ainsi que se démarqueront les bons manageurs. En parvenant à déterminer la catégorie de langage dans laquelle se placent leurs subordonnés, ils peuvent diriger sans levée de bouclier et ce, grâce à un outil aussi sérieux que précieux, la compréhension. Compréhension des missions, des processus et plus encore des résultats attendus. Mais restons simples. Il ne s’agit que de s’interroger sur les actions qui serviront au mieux les intérêts des deux parties.
Est-ce préférer les rendez-vous en présentiel (moment de qualité) au long échange d’e-mail?
Une carte cadeau, une prime (cadeau) motiveront-elles davantage l’employé.e qu’un laser game en équipe?
Si le manageur prend le relai sur un dossier compliqué ou se saisit d’une serpillère (service rendu) pour aider un collègue dépassé ou en souffrance sera t-il mieux accueilli que s’il demandait au dit collègue de s’épancher sur ses problématiques?
Des félicitations (paroles valorisantes) vaudront-elles plus qu’une belle boîte de chocolats?
A chaque N+1, 2 ou plus de jauger pour apporter les réponses appropriées.
Il n’y a guère que le dernier langage, le contact physique, à prendre avec des pincettes et à utiliser avec parcimonie. Une bise devant témoins peut-être appréciée. Elle peut en effet marquer un intérêt, une importance manifeste et donc valoriser l’individu. Une poignée franche, ferme, yeux dans les yeux engage quant à elle, le respect. Toutefois, je vous encourage vivement à limiter vos contacts à ces deux démonstrations physiques.
L’amour dans l’entreprise, une utopie? Non, pas si la dimension charnelle est écartée pour ne conserver que celle qui le relie au bien-être, au respect, à l’épanouissement et au dépassement de soi.
Mathilde Jean-Alphonse
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